Dans cette interview, découvrez le parcours singulier d’Hélène Gerbet, qui a su opérer un grand virage professionnel pour suivre un élan profond : se consacrer à l’accompagnement des autres. Son approche, ancrée dans la tradition de la sophrologie mais aussi ouverte à d'autres sources d’inspiration, se nourrit de sa grande curiosité et de sa volonté de transmettre. Voyage au pays de la sophrologie, à la fois caycédienne et revisitée, où les mots sont la clé du coffre aux petits trésors intérieurs.
Sommaire de l'article :
Parcours et formation
Peux-tu nous dire en quelques mots quel est ton domaine d’activité ?
Je pratique la sophrologie depuis 2017. J’ai ajouté quelques cordes à mon arc avec la méthode RITMO (Retraitement de l’Information Traumatique par les Mouvements Oculaires), la petite cousine de l’EMDR. Je pratique aussi l’harmonisation globale, même si je préfère la laisser à mes consoeurs certifiées, Marie-Hélène Gelot et Séverine Dufort.
Comment la sophrologie est-elle entrée dans ta vie ?
Mon parcours est atypique. J’ai commencé par une maitrise en Sciences économiques, puis mon chemin m’a amenée pendant sept ans à Arte, la chaine de télévision. J’y étais d’abord stagiaire, jusqu’à devenir attachée de presse pour les soirées Thema. Quand je suis revenue dans la région, avec l’audiovisuel comme seule expérience, je n’ai pas trouvé beaucoup d’opportunités. J’ai donc créé une agence de communication, axée plutôt dans l’événementiel. En 2002, j’ai rencontré une directrice d’une maison de retraite. À cette période, une nouvelle loi imposait au secteur de mettre en place des conventions tripartites, ce qui supposait une forte charge rédactionnelle. C’est ce qui m’a conduit à passer un Diplôme Universitaire en Gérontologie Appliquée (DUGA), pour pouvoir proposer une aide à la communication.
J’ai ensuite suivi un autre cursus pour diriger une structure. Après avoir été reçue au concours de la fonction publique, j’ai été recrutée pour diriger le CCAS de Mont-de-Marsan, qui compte 150 agents. Après une période très intense, j’ai décidé de me mettre en retrait. À l’approche de la cinquantaine, j’ai dit stop au salariat pour m’orienter vers ce que j’avais vraiment envie de faire : accompagner les personnes, être dans l’écoute, me mettre à la disposition de l’autre, lui transmettre quelque chose. C’est là que j’ai choisi de me former à la sophrologie à Bordeaux.
En me lançant, je me suis sentie appelée à accompagner les personnes atteintes de cancer : je me suis donc spécialisée dans l’accompagnement de ce public. Dès 2018, j’ai intégré la Ligue contre le Cancer de Dax.
Ce que tu proposes
Peux-tu nous décrire ce que tu proposes et à qui ?
Je propose, à travers des séances individuelles et de groupe, de prendre conscience de toutes ses ressources, de redécouvrir les petits trésors cachés. Cela peut passer par trois outils : la respiration – qui est le premier trésor caché -, les mouvements doux (réalisés ou imaginés) et la relaxation statique, ou suggestion positive.
L’objectif est d’arriver à une meilleure compréhension de soi-même, de son fonctionnement, de ses blessures, certes, et de trouver comment on peut changer de point de vue sur une même situation : autorisons-nous à nous déporter pour changer notre point de vue.
L’objectif est aussi de reprogrammer le système nerveux, de revenir à un fonctionnement naturel, à commencer par la respiration avec laquelle on nait, c’est-à-dire complète ou abdominale. C’est compliqué pour les femmes, en particulier : on nous apprend qu’il faut rentrer le ventre, donc on ne peut plus respirer avec…
S’agit-il d’accompagnements individuels, en groupe, en ligne ?
Les séances sont individuelles et/ou collectives.
Approche et intention
Qu’est-ce qui distingue ton approche ? Quelle est ton intention en tant qu’enseignant ?
La sophrologie, créée par Caycedo dans les années 1960, repose sur des techniques à la fois occidentales et orientales. Dans cette logique, j’aime bien aller chercher à plusieurs sources, chez les caycédiens purs, dans la pleine conscience, dans la multitude d’entrées possibles. J’aime aussi revisiter la sophrologie caycédienne : par exemple, avec les quatre éléments, ou avec des contes philosophiques ou métaphoriques.
Je n’aime pas rester sur mes acquis, donc je me renouvelle. La technique est toujours la même, mais je tourne autour. Parfois, on change seulement un mot ou deux et, hop, on amène la personne à faire un tout petit pas de côté, et à avancer tout doucement.
Et l’écriture… ?
Quelle est ton histoire avec l’écriture ?
Au début, je passais beaucoup par l’écriture pour personnaliser mes trames de séances et alimenter mon imaginaire. À force, j’écris beaucoup moins : je me mets en état modifié de conscience et les mots me viennent, des mots simples qui peuvent toucher tout le monde, et les petites phrases que je répète à chaque séance pour que la personne intègre en conscience ses sensations, ses capacités. Je demande souvent aux personnes d’en évoquer trois : capacité de confiance, capacité d’harmonie et capacité d’espoir.
Selon toi, quel pourrait être le lien entre les arts énergétiques chinois et l’écriture ?
Parfois, sur certaines propositions, il est important de passer par le matériel. Cela fonctionne bien avec les enfants, en particulier : je leur demande d’écrire la liste de ce qu’ils savent faire, ou encore de ce qui ne va pas, ou de gros mots, qu’ils peuvent ensuite froisser et jeter à travers la pièce. Matérialiser par l’intermédiaire du papier aide énormément. On voit parfois une émotion qui émerge, un sourire, une prise de conscience.
Mais la sophrologie est d’abord une technique basée sur l’oralité.
Au fur et à mesure, je me suis rendu compte de la puissance des mots. J’ai été très touchée par ce qu’Éloi a dit dans ta première interview. Il y a quelque chose dans les mots, une musicalité. Même s’ils ont été très décriés, les travaux de Masaru Emoto sur l’eau m’ont beaucoup fait réfléchir : dire à quelqu’un « Je t’aime » ou « Je te hais », ça n’a pas la même énergie.
Dans la relaxation ou la suggestion positive, le travail se fait par les mots : en fonction de la problématique de la personne ou de ce qu’elle amène, le sophrologue lui renvoie quelque chose. On saisit les mots au vol. Bien sûr, le ton de voix est important aussi, il nous met en état de conscience modifiée, ce qu’on appelle « transe » en hypnose. C’est ce qui constitue le terpnos logos du sophrologue (ou Discours agréable, terme inspiré par Platon), qui repose essentiellement sur le choix du vocabulaire.
Projection vers le futur…
Comment as-tu envie de contribuer à l'avenir ? En continuant ta pratique comme tu la fais déjà vivre, en la faisant évoluer, ou d’une tout autre manière ?
J’aimerais continuer à nourrir ma pratique pour aller chercher les petits trésors. Notamment auprès des personnes atteintes du cancer, juste pour que ça leur fasse du bien, que ça enlève un peu de poids.
Cette année, je crée aussi une association, « S-aimer » [NDLR : prononcer « essaimer »]. À travers elle, je mets mon local à disposition pour que des thérapeutes puissent se lancer, pour transmettre, pour mettre du lien entre les uns et les autres et que les personnes adhérentes puissent découvrir d’autres pratiques : yoga, yoga du son, réflexologie, écriture, divers ateliers…
Comme une petite graine qui se sème. Pour faire pousser l’amour, l’amour de soi.
En guise de conclusion...
Comment tu te sens après avoir évoqué tout ça ?
C’est chouette. Ça me remplit. Même si j’ai douté à certains moments, c’est la première fois de ma vie que je me sens à ma place.
Merci beaucoup, Hélène, pour cet échange.
Pour contacter Hélène GERBET, sophrologue RNCP et praticienne RITMO :
Pôle Santé du Sablar
60, place du Maréchal Joffre
40100 DAX
Tél. : 06 15 17 08 93
https://www.sophrologue-dax.fr
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