À découvrir, à déguster... Exceptionnellement, partage de quelques textes écrits lors de l'atelier d'écriture du 04 août 2025 à la Ferme Coumet. Thème de la séance : Poésie de la Terre, écrire les végétaux. Merci infiniment pour ces moments à la fois simples et extraordinaires : aux participant·e·s qui acceptent de se laisser guider en confiance; au lieu et à ses énergies si particulières; à Jean-Marie pour sa discrète mais précieuse présence...
Sommaire de l'article :
Inspiration libre autour du mot "végétal"
Vie, vert, herbe, humus, Hervé, cycle.
Souvent je raconte à mes filles que les chênes chez mes parents sont mes frères. Elles me prennent pour l'instant pour un fou. Pourtant, nous partageons la même terre qui nous a nourris, les cellules de nos êtres sont composées d'atomes qui proviennent de la même terre. L'animal se nourrit du Végétal et vice versa. Le Végétal est un composant d'un tout, un composant de moi.
Hervé
Retour de marche silencieuse
La marche est délicate...
La marche est délicate, attentive. Chaque pas à l'écoute des sensations, l'œil anticipe, alerte. La distance de fait se raccourcit, l'expérience devient plus grande. Sur les touffes d'herbe coupée, c'est doux et sans risque. Au soleil, tout chaud, à l'ombre frais et humide. Dans les mauvaises herbes, les meilleures d'entre toutes, ça crisse, ça craque sous la plante. Parfois même ça sent la menthe. Au plus profond de la cour, l'œil distingue un chemin mystérieux, vert et sombre, plongeant vers l'inconnu. Le corps s'y engage, trop vite. Mais la nature commande au pied: les ronces coupées au printemps s'enfoncent dans la peau fine. Tu n'iras pas ! Si ! En regardant bien où je pose ! Mais partout la douleur. Chemin rebroussé, capitulant, direction un platane majestueux, qui évoque les escalades d'enfance. Le délice de plonger le pied dans une taupinière, la terre y est douce et chaude, salit les orteils. Au pied de l'arbre, tout est là. Les pieds comblent le cœur et l'esprit.
Hervé
Leçon botanique
Choisir son itinéraire ? Encore une réflexion ?
Ou vivre un voyage là où je suis, pieds nus. Une aventure !
Tous ces piquants qui me caressent, méchants, m’inspirent la lenteur utile. Les Chardons, ah ! Ils sont doux, gentils, en plus rose vif, seule couleur émergeante de ce coin un peu sauvage.
Tu m’invites à te dire qu’aujourd’hui, je t’aime. Merci pour cette grâce qui s’élève. Direction : ciel, et tu ouvres toute ta ramure.
Mais tu m’interroges : es-tu vraiment le Chardon piquant qui me fait grimacer quand je te frôle ? J’en doute, habituellement le chardon porte des feuilles dentelées aux arêtes piquantes et toi ? Elles sont veloutées, arrondies et douces. Voilà ! Mes bras s’élèvent avec ta ramure, mon corps s’anime et je bouge « ensemble ». C’est un hymne au milieu de notre petit champ sauvage. Sur la pointe des pieds, je marche tout doux, à cause de ces ronces qui rampent dans cette herbe tendre et verte, pourtant accueillante.
Mais, Chardon, si tu ne l’es pas, es-tu Bardane ? Ouah ! Là, pas loin de toi, je vois, triomphante, gonflée, la Bardane, celle que je connais, mais tellement grandiose !
Comme je ne l’ai jamais vue !
Si tu n’es pas Chardon piquant, tu es sûrement de la famille Bardane. Bienfaisante à la santé de l’humanité.
Geneviève
Rencontre avec une plante
Chère Menthe sauvage
Un corps élancé avec du duvet
la jeunesse sans doute ?
Des feuilles veloutées
avec des odeurs de thé
Des fleurs en bouquet
d’un rose tendre
l’araignée s’y est nichée
elle va s’y suspendre
L’odeur de tes senteurs parfumées
lorsque j’ose te frotter
me fait voyager
vers une autre destinée
Tu m’emmènes loin
tu m’évades et me relie à la fois
tu m’offres ton message de foi :
il ne faut plus que je me mente !
Hélène
La petite fleur pathétique
J'allais vers la menthe. La petite fleur jaune s'est imposée sur le chemin. Il y a une touffe que je veux démêler. Les tiges desséchées craquent, marquant leur désapprobation, pensai-je. Soit, nous ferons ça "brouillon". Elle est assez commune, je crois. Ici je dois préciser que je suis nul en fleur, quelques rares souvenirs de cours de bio au collège. Insuffisant pour faire semblant. Les tiges sont longues, la touffe est plate et disgracieuse. On ne s'extasie pas devant. Les feuilles sont toutes petites, avachies, molles, sans intérêt. La plupart des fleurs sont cramées, desséchées. Un cadavre de fleur. Le tout dans une arrière-cour de ferme. Et pourtant elles sont là, tout comme moi, sous le soleil qui commence à cogner. Elles me regardent, elles m'observent. Une poignée de fleurs jaune vif, ressemblent à des mini pissenlits. Déjà ce nom, pissenlit ! Mais même pas des pissenlits, des presque pissenlits.
Et pourtant le pétale est délicat, fin. Par dessous, il est un peu violet et dégage un parfum un peu âcre. Les tiges sont pleines de sève, souples, flexibles. Chaque pétale se termine par 5 petits doigts. Les pistils sont nombreux et d'une finesse dépassant ce que mon œil presbytique peut discerner. Il y a des petits picots sur le milieu de la feuille, ça gratte sous le doigt.
D'insignifiante à 7ème merveille du monde, il n'y a qu'un pas, celui que fait l'observateur ou pas.
J'ai trop chaud ma jolie, je te laisse. Tu supportes mieux le soleil que moi. Merci pour ce moment.
Hervé
Inversion des rôles
Je suis Toi
Je suis la Menthe sauvage
on ne me donne pas d’âge
je pousse là où je veux
et je me dresse vers les cieux
Je ne crains pas les bêtes coquines
je n’ai même pas d’épines
j’ai des vertus médicinales
je peux combattre votre mal
Parfois je suis poivrée
en huile essentielle je suis transformée
j’attire les papillons
et me développe à foison
Je parfume votre thé
selon votre plaisir préféré
je vous partage mes valeurs
pour réconforter et exister dans vos cœurs.
Hélène
Ce qu'en dit la fleur
Hé les copines, au secours ! Y a une grosse bête tout près de moi ! Elle me touche maintenant ! Elle va me brouter, comme c'est arrivé à Fleur, ou me couper comme Rose, m'arracher les pétales comme à Marguerite !
Ah non, ça va, il n'a pas l'air de vouloir faire tout ça.
Salut toi ! Tu t'appelles comment ? Pourquoi tu réponds pas ? Tu es vraiment très gros tu sais ? Pourquoi tu m'observes les organes reproducteurs ? C'est bizarre tu sais ? Et maintenant mes vaisseaux ? Et ma bouche ?
T'es moche ! Qu'est-ce que tu fais dans mon champ ? Tu sers à rien, sauf à m'écraser, contrairement aux plus petits qui volent.
Tu sais, je suis déjà vieille, je vais bientôt mourir. Mais, contrairement à toi, je renaitrai, au printemps ! Et quand tu mourras toi, c'est moi qui te boufferai par les racines ! Ha ha ha !
Hervé
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