Éloi Grelier, qi-gong, méditation et relaxation à Habas

Rencontre avec Éloi Grelier, enseignant en qi-gong et relaxation à Habas

Premier échange pour ces interviews narratives : avec Éloi Grelier, enseignant en arts énergétiques chinois au Centre Amataya à Habas, dans le sud des Landes. Curieux, passionné, sensible aux mystères de la vie, il partage son cheminement avec le qi-gong : des routes de France aux montagnes du Wudang, il nous invite à un véritable voyage énergétique et spirituel, où le corps et le souffle conduisent à d'autres dimensions de l'être...

 

Sommaire de l'article :

  1. Parcours et formation
    1. Peux-tu nous dire en quelques mots quel est ton domaine d’activité ?
    2. Comment les arts énergétiques chinois sont-ils entrés dans ta vie ?
    3. Par quels chemins es-tu passé pour être le praticien que tu es aujourd’hui ?
    4. Quelle est la personne qui a le plus contribué à te faire avancer sur ton itinéraire ? De quelle façon ?
  2. Ce que tu proposes
    1. Peux-tu nous décrire ce que tu proposes et à qui ?
    2. S’agit-il d’accompagnements individuels, en groupe, en ligne ?
    3. Comment est-ce qu’une personne pourrait savoir que c’était une bonne idée de venir te voir ? Est-ce que tu peux nous donner un exemple de ce que le qi-gong peut changer dans la vie des gens ?
  3. Moment scintillant
    1. Est-ce que tu peux nous raconter un moment scintillant que tu aurais vécu avec le qi-gong, en tant que pratiquant ou en tant qu’enseignant ?
    2. Comment ce moment pourrait-il colorer ta vie ?
    3. Si tu devais donner un titre à cette histoire, ce serait quoi ?
  4. Approche et intention
    1. Qu’est-ce qui distingue ton approche ? Quelle est ton intention en tant qu’enseignant ?
    2. Et transmettre la voie vers quelque chose qui t’échappe, qu’est-ce que ça dit de ce qui est important pour toi ?
    3. Et quand tu es connecté au mystère de la vie, qu’est-ce que ça te donne comme espoir ? Qu’est-ce que ça pourrait rendre possible pour toi, pour ton entourage ou pour ton environnement ?
  5. Et l’écriture… ?
    1. Quelle est ton histoire avec l’écriture ?
    2. Selon toi, quel pourrait être le lien entre les arts énergétiques chinois et l’écriture ?
    3. Justement, quel rôle peut jouer l’écriture pour être dans le mystère de la vie ?
  6. Projection vers le futur…
    1. D’après tes ressentis, de quoi le monde aurait-il besoin ?
    2. Comment vois-tu l’évolution de l’accompagnement ou de la thérapie dans les années à venir ?
    3. Comment as-tu envie de contribuer ? En continuant ta pratique comme tu la fais déjà vivre, en la faisant évoluer, ou d’une tout autre manière ?
  7. En guise de conclusion... 
    1. On a parlé de la façon dont les arts énergétiques chinois sont entrés dans ta vie, de ton parcours de formation en Tuina et en qi-gong. On a parlé de ton envie de transmettre quelque chose qui t’échappe, du mystère de la vie, du besoin que tu identifies de ralentir, de considérer l’être dans sa globalité et de l’accompagner, notamment par les traditions chamaniques… Comment tu te sens après avoir évoqué tout ça ?
    2. Merci beaucoup, Éloi, pour cet échange.

 

Parcours et formation

Peux-tu nous dire en quelques mots quel est ton domaine d’activité ?

J’enseigne les arts énergétiques chinois, notamment le qi-gong, la méditation et la relaxation, et je m’initie depuis plusieurs années au tambour chamanique.

Comment les arts énergétiques chinois sont-ils entrés dans ta vie ?

Dès l’âge de 17 ans, j’étais fasciné par les pouvoirs de l’esprit humain. Je pressentais qu’habitait en nous beaucoup de mystère. En lisant Le Voyage hors du corps de Robert Monroe, j’ai appris qu’il existait des centres de recherche sur les voyages astraux. Avec un copain, on trouvait ça extraordinaire, et on a voulu faire pareil en s’ « entrainant » par la relaxation. J’ai alors découvert le yoga et commencé à prendre des cours, avec une grande passion pour ce travail : je me sentais bien dans mon corps, relaxé, comme lancé dans quelque chose. J’ai envisagé d’en faire mon métier, en suivant des études de psychologie en parallèle.

Vers l’âge de 19 ans, en me renseignant dans un centre d’orientation, je suis tombé sur un fascicule de l’Institut de Médecine Traditionnelle Chinoise (IMTC) créé par René Vinai, pionnier de la MTC en France. Les méridiens, les plantes, l’acupuncture… tout ça me parlait. Je suis allé aux portes ouvertes de cette école à Avignon. Jean-Robert Gillardeaux et Colette Dubois, de l’Institut Xin’an, y proposaient une initiation au qi-gong. Pour la première fois, j’ai commencé à sentir l’énergie entre mes mains et à distance avec quelqu’un. C’était évident que j’avais un chemin à suivre.

Par quels chemins es-tu passé pour être le praticien que tu es aujourd’hui ?

J’ai été beaucoup sur les routes et, en suivant mon intuition, j’ai eu les bonnes pancartes !

Je me suis inscrit à l’IMTC pour apprendre la MTC et à l’Institut Xin’an pour apprendre le qi-gong thérapeutique. Après trois ans, à la naissance de ma première fille, j’ai dû faire un choix : j’avais fini le cursus Tui Na, j’ai arrêté le cursus d’acupuncture et continué le qi-gong thérapeutique. Diplômé de l’Institut Xin’an en 2005, j’ai commencé à enseigner le qi-gong et à proposer des massages, en alternant deux saisons aux thermes de Montalivet et des cours à Bordeaux et Canéjan.

En parallèle, vers 2008, j’ai voulu travailler en Chine avec un maitre chinois. L’un de mes amis revenait des montagnes du Wudang, où il avait rencontré Maitre Yuan Limin. C’est comme ça que je suis parti pour mon premier voyage de dix jours au Wudang. Dans des conditions assez spartiates, entre humidité, brume et chaleur au milieu des champs de thé, j’ai découvert un autre travail : l’échauffement, les postures, le fait de recommencer encore et encore les mouvements. C’était assez éprouvant, mais je sentais que ça bougeait les structures intérieures.

À mon retour, j’ai appris que Maitre Yuan Limin commençait une formation professionnelle de trois ans avec les Temps du Corps à Paris : je me suis inscrit tout de suite. Maitre Yuan venait deux fois par an en France, et le reste de l’enseignement était assuré par Ke Wen et Sophie Faure, pratiquante, enseignante et traductrice : c’était une grande chance pour nous de dépasser grâce à elle la barrière de la langue et de découvrir toutes les subtilités de l’enseignement. Après un second séjour au Wudang, j’ai été diplômé de l’école San Feng en 2012.

La même année, ma famille s’est installéé à Habas. J’y ai commencé les cours, tout en continuant à suivre régulièrement des séminaires et Maitre Yuan Limin.  

Quelle est la personne qui a le plus contribué à te faire avancer sur ton itinéraire ? De quelle façon ?

Il y a plutôt trois personnes qui ont contribué à mon chemin dans les arts énergétiques chinois.

D’abord, Jean-Robert Gillardeaux et Colette Dubois : avec eux, je suis entré dans la découverte de plusieurs formes de qi-gong thérapeutique, dont le qi-gong spontané. J’ai développé un véritable amour pour la pratique, et j’ai pu suivre des séminaires exceptionnels sur la pédagogie ou la théorie autour de l’énergétique chinoise. Il y avait aussi beaucoup de travail sur la sensibilité à distance et en Tui Na. C’était riche et vivant, merveilleux à explorer.

Quelques années plus tard, avec Maitre Yuan Limin, j’ai eu la sensation de trouver la profondeur et l’expansion. Beaucoup de travail en silence, très répétitif, très précis. Par sa manière d’habiter le mouvement, Maitre Yuan est très impressionnant à voir. J’ai appris la rigueur, la notion de force associée à la souplesse et à la fluidité. Il y a vraiment une « énergie Wudang », quelque chose qui pose et avec quoi on peut faire corps. Mais c’est un travail difficile, que j’ai parfois voulu mettre de côté, pour moi et dans mes enseignements : pour les élèves, c’est très exigeant et cela demande une pédagogie adaptée.

 

Ce que tu proposes

Peux-tu nous décrire ce que tu proposes et à qui ?

Je viens de deux écoles, et ces deux dimensions de travail coexistent en moi. Je propose donc différentes pratiques de qi-gong.

Dans tous les cas, il s’agit de méthodes pour entretenir le souffle vital et prendre soin de sa vie. C’est un travail énergétique qui permet de revenir vers soi, vers sa sensibilité, de trouver du calme quand c’est trop conflictuel. Grâce aux mouvements et aux postures, le qi-gong permet de détendre et de renforcer le corps au niveau musculaire, de trouver de l’aisance respiratoire, d’apaiser l’esprit et les émotions tout en les vivant. En résumé, je propose des activités psychocorporelles pour se sentir mieux par des exercices physiques, respiratoires, de méditation, de relaxation.  

S’agit-il d’accompagnements individuels, en groupe, en ligne ?

Les cours sont collectifs à Habas, Dax ou Sorde-l’Abbaye. Les cours individuels sont aussi possibles.

Comment est-ce qu’une personne pourrait savoir que c’était une bonne idée de venir te voir ? Est-ce que tu peux nous donner un exemple de ce que le qi-gong peut changer dans la vie des gens ?

Le qi-gong peut changer beaucoup de choses. On peut développer sa conscience corporelle, retrouver la joie et le plaisir du mouvement. C’est une branche à part entière de la MTC, qui permet aussi d’améliorer le sommeil, la digestion, le fonctionnement organique...

Le qi-gong englobe l’ensemble de l’être : physique, mental, émotionnel, spirituel, énergétique. On voyage, parfois en musique. On trouve de la légèreté et de la stabilité. C’est aussi un jeu.

Enfin, c’est agréable de rencontrer des gens qui sont dans la même démarche. Pendant les cours, chacun travaille pour soi, mais ensemble : on ressent l’énergie des autres, dans le calme. On se sent réunis, en paix. 

 

Moment scintillant

Est-ce que tu peux nous raconter un moment scintillant que tu aurais vécu avec le qi-gong, en tant que pratiquant ou en tant qu’enseignant ?

Oui, ce matin, pendant le stage d’été et le mouvement de la Grue blanche, l’une des Danses des cinq animaux. Il y a un moment très particulier de mouvement libre : bien ancré après un travail préparatoire, on respire, on se laisse aller profondément, attentif à ce qu’on perçoit sans pour autant s’y attacher, à l’écoute du mouvement qui se déroule comme un fil de soie. À un moment, un espace s’est ouvert en moi, une émotion est arrivée, c’était très beau. Cela m’a beaucoup ému. 

Comment ce moment pourrait-il colorer ta vie ?

Il donne encore une nouvelle dimension à la subtilité de la pratique, à ma manière de bouger.

Si tu devais donner un titre à cette histoire, ce serait quoi ?

« Brèche ».

 

Approche et intention

Qu’est-ce qui distingue ton approche ? Quelle est ton intention en tant qu’enseignant ?

Au-delà de ce qui est bon pour la santé, je cherche à transmettre la voie de quelque chose qui m’échappe. Un chemin vers ce mystère que je pressens, qui est là et que je ne peux pas nommer. On peut s’en rapprocher par la pratique qui nourrit de l’intérieur, ou autrement, en étant attentif.

Et transmettre la voie vers quelque chose qui t’échappe, qu’est-ce que ça dit de ce qui est important pour toi ?

L’important, c’est de vivre. Que la vie se déploie. Je veux être en forme et voir les choses telles qu’elles sont tout en étant dans le mystère, puisque la vie est mystérieuse.

Et quand tu es connecté au mystère de la vie, qu’est-ce que ça te donne comme espoir ? Qu’est-ce que ça pourrait rendre possible pour toi, pour ton entourage ou pour ton environnement ?

En fait, je pense que je ne le suis pas, c’est ça que je trouve mystérieux. Quand je crois que c’est comme ça, en fait c’est autrement. Ce que je vis, c’est ce que je vois, perçois, entends, mais c’est à la fois autre chose. Avec mes cinq sens, je ne peux pas vraiment me rendre compte de la vie dans laquelle je suis, car elle est immense, complexe, grandiose et tellement plus que cela. Les mots ne suffisent pas.

J’aime évoluer et me dire que je peux découvrir, qu’il est possible d’avancer et que les choses changent. Notre vision des choses extérieures dépend de ce que l’on traverse, de notre état (détendu, agité, malade…). Je m’intéresse beaucoup aux états de conscience modifiée, et l’entrainement régulier apporte beaucoup pour percevoir les choses différemment.

 

Et l’écriture… ?

Quelle est ton histoire avec l’écriture ?

Mon histoire avec l’écriture est d’abord graphique. Mes parents dessinaient beaucoup. J’ai été initié jeune à la lecture, et j’ai développé l’imagination.

Écrire, ça m’arrive. J’aime que les images prennent forme, c’est comme une aventure. J’aime voyager, et l’écriture permet d’aller dans des endroits où l’on n’irait pas si l’on n’écrivait pas. Il y a comme un déploiement naturel des choses. 

Selon toi, quel pourrait être le lien entre les arts énergétiques chinois et l’écriture ?

Je pense à l’écriture chinoise, à la calligraphie. Aux maitres qui recherchent une essence dans leur travail, dans leur geste. Ils affinent pour que ça révèle quelque chose, une forme d’énergie. Trouver le geste juste. Trouver quelque chose de fluide, de mystérieux dans le déroulé de la phrase.

Justement, quel rôle peut jouer l’écriture pour être dans le mystère de la vie ?

À partir du moment où tu commences à écrire, tu commences à voyager. Tu es à la fois dans cette réalité-là en train d’écrire et dans une réalité multidimensionnelle faite de paysages, d’acteurs, d’animaux, de relations. Tu es à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. On sait à quel point l’écriture modifie les lignes de la personne qui écrit. Entre réalité ordinaire et réalité non ordinaire : les deux sont reliées, avec un passage de l’une à l’autre. Un océan extérieur et un océan intérieur qui coexistent, un peu comme le bateau qui se renverse dans Pirate des Caraïbes

 

Projection vers le futur…

D’après tes ressentis, de quoi le monde aurait-il besoin ?

Déjà, de s’asseoir sur un banc de méditation pendant longtemps !

De freiner pour prendre des décisions plus justes, plus éclairées. D’être moins dans le consumérisme et d’aller plus vers l’être. D’être moins assujetti aux instincts pour apaiser la relation avec soi-même et avec les autres.

Le monde a besoin de plus d’introspection. Assis sur un coussin face à un mur. De plus de sensibilité, et ça passe par là. De plus de pardon. Plus de jeu.

Et d’être bien accompagné, parce qu’il y a des choses qu’on ne peut pas traverser seul. Pour aller vers ce qui nourrit et développe l’être spirituel.

Comment vois-tu l’évolution de l’accompagnement ou de la thérapie dans les années à venir ?

Il y a différents outils, comme la psychologie ou les traditions ancestrales (le chamanisme, les médecines anciennes). Des méthodes éprouvées qui prennent en compte l’être dans sa globalité : le corps physique tout seul, ça n’existe pas.

On le voit dans le qi-gong. Avec une certaine manière de se laisser aller, de respirer, de bouger, à un moment donné se crée une brèche, et une émotion surgit. Après, ça va mieux et ça change la direction de la personne, sur différentes dimensions de l’être. Ou lors de voyages au tambour, les gens rencontrent, renouent, retrouvent de la joie.

Il y a énormément de pratiques qui, bien faites et bien encadrées, auront un rôle essentiel à jouer dans le bien-être général des gens sur la planète.

Comment as-tu envie de contribuer ? En continuant ta pratique comme tu la fais déjà vivre, en la faisant évoluer, ou d’une tout autre manière ?

J’aimerais faire plus de stages, peut-être dans une salle plus grande pour accueillir plus de personnes en même temps. J’aimerais trouver les mots pour partager ça, et tu m’aides à les trouver. J’aimerais travailler plus avec les traditions chamaniques. Vraiment trouver la manière de faire pour que les gens retrouvent de la force, de la paix, qu’ils se sentent mieux.

Et je pense que tout ça passe par le travail sur moi. Ça ne peut être possible que si je trouve les chemins.

 

En guise de conclusion... 

On a parlé de la façon dont les arts énergétiques chinois sont entrés dans ta vie, de ton parcours de formation en Tuina et en qi-gong. On a parlé de ton envie de transmettre quelque chose qui t’échappe, du mystère de la vie, du besoin que tu identifies de ralentir, de considérer l’être dans sa globalité et de l’accompagner, notamment par les traditions chamaniques… Comment tu te sens après avoir évoqué tout ça ?

Un peu fragile, parce que ce sont des sujets délicats… En même temps, c’est stimulant. Ça me fait réfléchir, ça aide à trouver des réponses, à structurer mon mental. C’est plutôt agréable, comme si je rangeais les choses. Ça donne envie d’approfondir, d’affiner, comme un mouvement qu’on fait et refait encore.

Merci beaucoup, Éloi, pour cet échange.

 

Pour contacter Éloi GRELIER :

Amataya, Centre d’activités psychocorporelles (40290 HABAS)

Tél. : 06 23 08 41 03

www.amataya.org

 

Pour aller plus loin :

Wudang Gong Dao, enseignement par Maitre Yuan Limin | wudang-gong-dao.org

Les Temps du Corps, centre de culture chinoise | www.tempsducorps.org

 

 

 

 

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